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Le cannabis médical en France : feu vert

Posté par Hugo DC le
Le cannabis médical en France : feu vert - Petit Coeur

Le 26 mars 2021, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé du gouvernement Castex, s’est rendu au CHU Estaing à Clermont-Ferrand. L’objectif de cette visite : participer à la première prescription en France de cannabis thérapeutique à un patient atteint de maladies chroniques. Ce test officiel va durer deux ans, et fait d’ores et déjà l’objet de nombreuses attentes et espérances.

Le cannabis médical, qu’est-ce que cela désigne ?

Pour cette expérimentation, l’on utilise le terme de “cannabis médical” sans préciser le type de produits utilisé. Pour le savoir, il suffit de se pencher sur les fournisseurs retenus pour cette expérience, et sur les lots définissant les produits recherchés.

Le cahier des charges a défini trois catégories de produits : “THC dominant”, “CBD dominant”, et “équilibré en THC et CBD”. Chaque catégorie comporte trois produits, soit 9 produits au total :


● THC dominant

Fleur THC > 8%, et CBD < 1%

Huile THC > 5mg/ml, et CBD < 1mg/ml

Huile THC > 5mg/ml, et CBD < 1mg/ml


● CBD dominant

Fleur THC < 5%, et CBD > 5%

Huile THC < 5mg/ml, et CBD > 5mg/ml

Huile THC < 1mg/ml, et CBD > 5mg/ml


● Equilibré en THC et CBD

Fleur THC > 5%, et CBD > 5%

Huile THC > 5mg/ml, et CBD > 5mg/ml

Huile THC > 5mg/ml, et CBD > 5mg/ml


 Le cannabis médical en France - Petit Coeur

Pour fournir ces produits, différents établissements pharmaceutiques ont été retenus par l’Etat français, parmi lesquels par exemple les laboratoires Boiron. Ces accompagnants ont été sélectionnés à la suite d’un appel à candidatures lancé le 19 octobre 2020 et clôturé le 24 novembre 2020. Chaque dossier devait présenter un binôme : un fournisseur principal et un fournisseur secondaire.

On peut remarquer que l’effet d’entourage est vraisemblablement recherché dans ces produits, comme l’atteste le dosage de chaque substance. Grâce à la synergie des cannabinoïdes, en l’occurrence principalement du tétrahydrocannabinol ou THC et du cannabidiol ou CBD, ces fleurs et ces huiles choisies sont censées offrir un maximum de leurs vertus aux patients.

Il est en outre important de noter les taux de THC recherchés dans le cadre de cette expérimentation. En effet, l’on est loin de la fameuse limite de 0,2% THC fixée par la loi en ce qui concerne la commercialisation des produits issus du cannabidiol.

Il se pourrait donc que cela ouvre la voie à de nouvelles perspectives favorables pour les produits à base de CBD, et notamment celle de tendre vers une limite de taux de THC alignée avec la norme européenne, soit autour de 0,3% THC voire plus.

Mais avant d'évoquer ce que pourrait être le futur du CBD en France, il convient d'examiner de plus près cette expérimentation officielle.


Chronologie de cette expérimentation officielle

● L’origine

Afin de comprendre le lancement de cette expérimentation nationale, il faut tout d’abord connaître ses origines. Le vendredi 25 octobre 2019, l’Assemblée Nationale a donné son feu vert à l’expérimentation de l’usage médical du cannabis.

Ce projet s’inscrit dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale, et aurait dû démarrer au premier semestre 2020. Alors rapporteur parlementaire du parti La République En Marche, c’est-à-dire député désigné pour porter un projet de loi précis, Olivier Véran a vu son amendement être approuvé par ses collègues députés.

Cette décision favorable intervient trois mois après la validation de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ASNM), qui avait de même donné son aval pour mener cette expérience. Le constat de l’ASNM était à ce moment-là triple :

1/ De nombreux pays d’Europe et du monde (comme les Pays-Bas, l’Allemagne, le Canada, l’Israël, le Luxembourg, le Chili, 33 états aux Etats-Unis, etc) ont recours au cannabis médical.

2/ De plus en plus de professionnels de santé et de patients souhaitent son utilisation.

3/ Plusieurs études et données scientifiques convergent pour affirmer que le cannabis médical est à même de traiter différentes pathologies.

L’ASNM avait précédemment créé, en décembre 2018, un comité scientifique afin de déterminer le cahier des charges de ce projet : savoir quels produits seront utilisés; définir le contenu de la formation délivrée aux médecins et accompagnants de santé; et enfin cadrer les futurs suivis des patients.

● La durée

Le comité scientifique chargé du dossier avait à l’époque estimé à deux années la durée de l’expérimentation. Cette dernière comporte quatre phases de six mois chacune : mise en place, inclusion des patients, suivi des patients, et enfin analyse des données.

Ce sont bel et bien deux années et ces quatre phases distinctes qui sont dès maintenant en œuvre pour effectuer cette expérience dans les meilleures conditions possibles, après avoir été plusieurs fois repoussée à cause de la situation sanitaire actuelle.


 L'expérimentation du cannabis médical en France - Petit Coeur
● Le déroulement

Pour mener à bien ce projet, et notamment recueillir un nombre suffisant de données pour pouvoir tirer des conclusions efficaces, 3 000 personnes vont être sélectionnées selon certains critères précis. En effet, les personnes éligibles à ce test sont malheureusement atteintes de diverses maladies graves : des douleurs chroniques neuropathiques, une épilepsie sévère, des patients en soins palliatifs ou atteints de sclérose en plaques, voire subissant une chimiothérapie.

En bref, parmi les 3 000 personnes qui feront partie de ce projet national, toutes subissent de lourds traitements médicaux pour atténuer les douleurs ressenties. Ceci peut se traduire par exemple par la prise de morphine, de tramadol, ou d’antidépresseurs, autant de médicaments prescrits par des médecins mais présentant malgré tout des risques et des effets secondaires néfastes pour l’organisme.

Au total, ce sont 215 structures médicales qui sont mises en place afin d’accueillir, encadrer, et suivre les patients volontaires. Le cannabis médical pourra être prescrit de deux façons différentes : sous forme d’huile à consommer par voie orale, autrement dit à prendre par voie sublinguale ou à ajouter dans une boisson, ou sous forme de fleurs séchées à vaporiser puis inhaler.

En premier lieu, chaque patient se verra prescrire son traitement personnalisé pour une durée de 28 jours maximum. Chaque ordonnance devra ensuite être renouvelée par le patient auprès du médecin référent.

Ensuite, et ce jusqu’à la fin du processus à l’issue des 24 mois, les patients auront 2 types de consultations : celles dites “simples”, qui auront lieu une fois par mois et auront pour but la prescription mensuelle des médicaments, et celles dites “complexes”, ayant lieu précisément lors du 1er, 3ème, 6ème, 12ème et enfin 18ème mois. Lors de ces 5 consultations, des données seront récoltées auprès du patient afin d’analyser l’efficacité et le bénéfice médical du traitement et ses éventuels effets.

Il est important de noter que lors de chaque consultation, simple ou complexe, le patient pourra décider de continuer ou de mettre un terme à sa participation à cette expérimentation. L’ASNM rappelle en revanche qu’en aucun cas un patient pourra mettre brutalement fin à sa participation, mais que ceci se fera avec l’accompagnement de son médecin référent.

● Les objectifs

L’enjeu de cette expérimentation est clair : il s’agit de déterminer si et comment l’utilisation du cannabis dans un cadre médical pourra être généralisée.

Olivier Véran, lors de sa visite au CHU de Clermont-Ferrand, a déclaré : “C’est le rôle de la médecine que de combattre les maladies et de soulager les douleurs. En tant que médecin, en tant que ministre, je suis fier que la France puisse expérimenter l’usage du cannabis à des fins médicales, et d’ainsi mieux accompagner des milliers de patients qui affrontent des pathologies lourdes. Cette expérimentation, nous la menons de manière rigoureuse, en lien étroit avec les professionnels de santé et sous le contrôle de l’ANSM. “

En définitif, cette expérimentation officielle indique clairement la volonté du gouvernement français et du monde de la santé d'avancer sur une thématique longtemps ignorée. Les produits issus de la plante du chanvre nourrissent de grands espoirs pour la médecine, qui voit en eux un horizon prometteur.


Un futur plein d’espoir pour le CBD en France

Au moment de sa visite au CHU Estaing de Clermont-Ferrand le vendredi 26 mars, le ministre Véran a déclaré : “On peut considérer que c'est un jour important pour l'histoire de la médecine en France, puisque notre pays commence aujourd'hui à reconnaître, dans le cadre d'un protocole thérapeutique, le cannabis comme étant un membre à part entière de la pharmacopée française. On peut l'exploiter dans certaines conditions comme un médicament, pour certaines indications telles que les douleurs réfractaires d'origine neurologique, certains syndromes épileptiques, des douleurs cancéreuses, ou en soins palliatifs. C'est une histoire longue dans notre pays que l'histoire de l'usage médical du cannabis qui existe d'ailleurs dans la plupart des pays européens et qui jusqu'ici, était bloquée dans notre pays.”

Cette volonté et cette détermination offrent une immense espérance à l’égard des produits issus de la plante de chanvre, et notamment des produits à base de CBD.


 Le futur du cannabidiol en France par le cannabis médical - Petit Coeur

Comme évoqué dans trois de nos articles (celui traitant des potentiels bienfaits du CBD, celui portant sur le CBD et l’endométriose, et celui examinant l’impact positif du CBD contre les addictions), de plus en plus d’études et recherches scientifiques permettent d’affirmer les effets positifs de cette substance sur l’organisme.

En effet, le CBD a par exemple la capacité d’apaiser les douleurs liées à diverses maladies chroniques ou fatigues musculaires. Le cannabidiol peut en outre activer les récepteurs de sérotonine, et ainsi remédier à tout mal-être psychique causé par le stress, l’anxiété, ou la dépression.

En somme, le début de cette expérimentation marque un renouveau dans le domaine de la pharmacopée française et ouvre la voie d’une démocratisation officielle des produits issus de la plante de chanvre.

En pleine période de crise sanitaire - le virus Covid-19 ayant d’ailleurs retardé le commencement de cette expérience - le ministère de la Santé a décidé de lancer un projet qui fera date dans l’histoire de la médecine française.

Un petit pas pour le gouvernement, un grand pas pour le CBD.

Gardez bien à l’esprit que le CBD n’est pas un médicament en tant que tel. Des médicaments à base de CBD existent, et sont prescrits par des médecins et pris dans le cadre d’un suivi médical rigoureux.

Grand Amour,
Petit Coeur

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